Jacques Body
Jacques Body président
Le 2 mai 1968, étudiants et professeurs de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, doyen en tête, manifestaient pacifiquement sur le site des Tanneurs en cours de démolition pour réclamer des locaux. Ils devançaient les manifestations de la Sorbonne (à partir du 3 mai), et donc indépendamment d’elles.
Ce doyen — le premier, élu quand le Collège littéraire a été érigé en faculté (1965)—, Jacques Roger, quitte Tours pour Paris en 1969. Le professeur Louis Foucher, directeur de l’IPES, lui succède et transmet la direction de l’IPES à Jacques Body.
La Loi Faure (12 novembre 1968) supprime les facultés et impose partout la création d’universités. Une assemblée constitutive, présidée par Michel Trochu, l’unique professeur titulaire du collège juridique, rédige les statuts de l’université naissante, statuts qui entrent en application à la fin de l’année 1969. Jacques Body est alors élu directeur (« doyen ») de l’une des dix composantes de l’université, l’UER (dite encore «faculté ») de Langues, Littératures, Civilisations classiques et modernes, puis, un mois après, le Conseil de l’Université l’élit président de l’Université de Tours, avec une majorité des deux tiers, qui était d’ailleurs exigée du fait qu’il n’était pas encore professeur titulaire.
L’université comptait environ 11000 étudiants, dont 5000 environ en Lettres, 3000 en Médecine, 1000 en Sciences… dispersés aux quatre coins de l’agglomération, et qu’il allait falloir unir dans des structures communes (personnel, scolarité, recherches, finances, services techniques) et selon un règlement intérieur à élaborer.
Les origines du théâtre universitaire de Tours
Selon la loi Faure (12 novembre 1968) et ses décrets d’application, l’immobilier relève toujours du seul Recteur-Chancelier. À Tours, les facultés de Médecine, de Sciences et de Droit étaient à peu près logées, mais la faculté des Lettres était misérablement hébergée, un peu à l’institut de Touraine et surtout dans des préfabriqués à Grandmont, plus d’autres préfabriqués en ruines au pied du château de Tours alors lui aussi en ruines…, locaux provisoires dont l’université devait assurer l’entretien en attendant mieux.
S’agissant des constructions neuves, le président est seulement tenu informé, — notamment des plans de la faculté des Tanneurs —, au mieux consulté. Les travaux avaient été lancés en 1970, et la livraison était prévue en septembre 1972.
La loi du 12 novembre 1968 dans son article 1 assignant aux universités un rôle dans l’animation culturelle de la région, il était donc logique que le « grand amphithéâtre », tourné vers la ville dès l’origine, puisse également servir de salle de spectacle. Alerté par des collègues, Jacques Body découvre que, selon les plans en cours d’exécution, une poutre maîtresse va couper l’éventuel cadre de scène. Fort de la confiance du Conseil de l’Université, il écrit aussitôt au Recteur Gérald Antoine: « Cet amphithéâtre ne méritera jamais que la moitié de son nom ». Il obtient ainsi la modification des plans.
Reste à trouver les crédits pour le rideau, les coulisses, les loges, les projecteurs et surtout la cabine technique (Jeu d’orgue, sono, projecteur de cinéma). « Demandez au ministère de la culture », dit-on à l’Education nationale. « Avec notre mini-budget, abonder celui du mastodonte ?? », répond la Culture. Après un an de démarches à Paris, une solution est trouvée près du « fonds d’intervention culturel» (F.I.C.), organisme interministériel. Antoine de Clermont-Tonnerre, chargé du F.I.C. au cabinet du Premier Ministre, vient à Tours présider une réunion de concertation. Moyennant un petit soutien complémentaire de la Ville (réticente) et du Département, le « Centre d’expression et d’action pédagogiques et culturelles », association créée pour assurer la gestion de la salle, reçoit une importante dotation.
Au printemps 1973, l’inauguration du « Théâtre de l’Université » est marquée par une quinzaine culturelle. L’université acquiert un piano Steinway. Les « amis de la Musique de chambre » donnent leurs premiers concerts en novembre 1973 (l’intégrale des sonates de Beethoven pour violoncelle et piano). Le quatuor Vegh, Youri Bashmet, Elisabeth Schwarzkopf et tant d’autres se sont produits dans cette salle.
Après avoir quitté la présidence de l’université, Jacques Body s’est consacré à ses activités d’enseignement et de recherche, dédiées principalement à la vie et l’œuvre de Jean Giraudoux. Il a obtenu le prix Georges Dupau de l’Académie française en 1976 pour sa thèse sur Giraudoux en Allemagne (éd. Didier-les Publications de la Sorbonne, rééd. Slatkine 2003) et le prix de la Critique 2005 de l’Académie française pour Jean Giraudoux, collection biographies NRF Gallimard.
Bibliographie sélective
Body Jacques, Jean Giraudoux : la légende et le secret, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Écrivains », 1986.
Body Jacques et Brunel Pierre, Électre de Jean Giraudoux: regards croisés, Paris, France, Klincksieck, 1997, vol. 1/, 202 p.
Body Jacques, Egisthe et Hitler, Paris, France, 1997.
Body Jacques, Le trône et l’escabeau, Paris, France, 1997.
Body Jacques, Jean Giraudoux, Paris, Gallimard, coll. « NRF Biographies », 2004.
ÉDITION DE TEXTES :
Hugo Victor et Body Jacques, Victor Hugo. Quatrevingt-treize: Chronologie et préface par Jacques Body,..., Paris, France, Garnier-Flammarion (Bourges, impr. Tardy), coll. « Coll. Garnier-Flammarion », 1965, 384 p.
Giraudoux Jean et Body Jacques, Carnet des Dardanelles, Paris, Le Bélier, 1969.
Giraudoux Jean et Body Jacques, Lettres, Paris, Klincksieck, coll. « Publications de la Sorbonne », n˚ 24, 1975.
Giraudoux Jean, Giraudoux Jean-Pierre et Body Jacques, Théâtre complet, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », n˚ 302, 1982.
Giraudoux Jean, Giraudoux Jean-Pierre et Body Jacques, Electre: pièce en deux actes, Paris, France, Librairie Générale Française, coll. « Le Livre de poche, ISSN 0248-3653 », n˚ 1030, 1989, vol. 1/.
Giraudoux Jean, Dawson Brett et Body Jacques, Oeuvres romanesques complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », n˚ 368, 1990.
Giraudoux Jean, Giraudoux Jean-Pierre et Body Jacques, Electre: pièce en deux actes, Paris, France, Librairie générale française, coll. « Le Livre de poche, ISSN 0248-3653 », n˚ 1030, 1993, 158 p.
Giraudoux Jean et Body Jacques, Oeuvres romanesques complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », n˚ 404, 1993.
Hugo Victor, Quatrevingt-treize, Paris, France, Garnier-Flammarion, coll. « G.F., ISSN 0768-0465 », n˚ 59, 1995, 382 p.
Copyright © Université François-Rabelais