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L'enseignement supérieur avant la création de l'université



Aux IIIe et IVe siècles, Gatien, évêque de Tours, qui s'appelle alors Caesarodunum, fonde une académie médicale. Au cours du Haut Moyen Âge, l'enseignement de la médecine se réfugie dans une école épiscopale, puis dans les couvents, notamment à l'Abbaye de Marmoutier sur la rive droite de la Loire. À l'époque de Charlemagne, l'évêque Alcuin crée à Tours une école de rhétorique, lointaine ancêtre de nos enseignements littéraires et philosophiques.

En 1841, une école de médecine est créée grâce à l’influence de Pierre Bretonneau, médecin-chef de l’hôpital de Tours.

Abbaye de Marmoutier

Vue de l'abbaye de Marmoutier
Louis Boudan, XVIIe siècle
Domaine public

Portrait de Pierre Bretonneau

Pierre Bretonneau
Portrait par Gustave Moreau, 1889
Domaine public

Après la Seconde Guerre mondiale, différentes facultés sont mises en place :

  • 1946 - École de droit, rattachée à la faculté de Poitiers ;
  • 1950 - Collège littéraire universitaire ;
  • 1956 - Centre d'Études Supérieures de la Renaissance ;
  • 1958 - Collège scientifique universitaire.

En 1962, l’Académie et l’université d'Orléans-Tours sont créées. Le recteur de l’université, Gérald Antoine, qui exerça ses fonctions jusqu'en 1973, est chargé de concevoir le réseau d'enseignement supérieur dans les différentes villes de l'Académie.

Organisation de l'enseignement supérieur dans l'Académie d'Orléans-Tours en 1963


Études juridiques
L'école municipale de droit d'Orléans.
L'école municipale de droit de Bourges.
L'école de droit et de sciences économiques de Tours (500 étudiants environ), qui dépend de l'université de Poitiers. M. Janeau est directeur.

Études scientifiques
Le Collège scientifique universitaire d'Orléans (500 étudiants environ).
Le Collège scientifique universitaire de Tours (474 étudiants), implanté à l'école de médecine et de pharmacie avant son déménagement sur le site de Grandmont.
Le Centre de biologie appliquée d'Azay-Le-Ferron, centre de recherche pharmaceutique.

Études littéraires
Le collège littéraire universitaire de Tours, qui est déjà un embryon de faculté, avec plus de 1 000 étudiants répartis sur plusieurs sites, et un projet de construction sur les bords de la Loire.
Le Centre d'Études supérieures de la Renaissance, dirigé par Pierre Mesnard.
L'Institut d'Études françaises de Touraine, qui deviendra ensuite l'Institut de Touraine. L'établissement accueille déjà 2 300 étudiants étrangers par an venant apprendre le français, dont 200 environ qui suivent une formation longue. Créé en 1897, cet institut est installé dans l'hôtel Torterue, rue de la Grandière. Après avoir songé à se rapprocher de l'université de Poitiers, son directeur décide de se rapprocher de l'Université d'Orléans-Tours.

Études médicales
La Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Tours (environ 950 étudiants), qui a été créée en 1841.

Le décret du 19 avril 1966 officialise la création de l'université d'Orléans-Tours, en même temps que la création de l'université de Rouen. Il y a désormais 20 universités en France. Un conseil d'université présidé par Gérald Antoine est créé, composé des doyens et de leurs assesseurs et des directeurs des instituts.

Quatre facultés sont réparties sur deux sites :

  • À Tours, la faculté de médecine-pharmacie (anciennement École de médecine) et la faculté de lettres-sciences humaines (anciennement Collège littéraire universitaire).
  • À Orléans, la faculté de droit et Sciences économiques et la faculté des sciences, dont relève le Collège scientifique universitaire de Tours.

1968 : création à Tours de l’IUT (Institut universitaire de technologie).

Les événements de mai 1968 mettent un terme à l'organisation de l'université d'Orléans-Tours.
Le 4 mai 1968, le doyen Jacques Roger, qui avait été élu le 7 février 1966, réunit les enseignants et les étudiants de la faculté de lettres dans la cour de l'hôtel Torterue (Institut de Touraine), rue de la Grandière, pour les informer de sa décision de démissionner suite à la décision du maire Jean Royer de refuser définitivement le projet de construction de la faculté des lettres de l'architecte Louis Albert. Les étudiants appellent à la grève pour le lendemain. À la faculté des Sciences, une manifestation a déjà eu lieu la veille. En revanche, la situation est calme à la faculté de médecine et de pharmacie et à l'école de droit. Les mouvements étudiants commencent à ce moment-là. Des étudiants de lettres se barricadent dans l'ancienne trésorerie municipale, à proximité de l'hôtel Torterue, place du 14 juillet.

Le 12 novembre 1968 la loi d'orientation de l'Enseignement supérieur, dite Loi Faure, est promulguée. Le ministre Edgar Faure a été conseillé pour cette loi par le recteur Gérald Antoine. Les nouvelles universités, établissements publics à caractère scientifique et culturel, doivent être composées, non plus de facultés mono-disciplinaires, mais d'unités d'enseignement et de recherche (U.E.R.) librement formées.

Portrait de Michel Trochu

Michel Trochu
CC-BY-SA

Maquette site des Tanneurs

Maquette du projet de faculté de lettres de Jean Marconnet
© AD37 - Fonds Boille

Portrait de François Rabelais (anonyme)

François Rabelais
Portrait anonyme,
circa 1501-1600
Domaine public

Des élections se tiennent donc séparément à Tours et à Orléans en 1969, pour former les conseils de gestion des anciennes facultés et collèges, parfois dans une ambiance très tendue. De ces conseils émanent les assemblées constitutives des deux nouvelles universités. Sous la direction de M. Michel Trochu, professeur de droit, les statuts de l’université de Tours sont rédigés. La création de dix U.E.R. est décidée. Le décret officialisant la création de l’université de Tours est daté du 17 décembre 1970. Michel Trochu ayant décidé de ne pas de se présenter, c’est M. Jacques Body, professeur de littérature, qui fut élu premier président de l’université. L’université pluridisciplinaire choisit le nom de François-Rabelais, écrivain, philologue, humaniste et médecin. Ce nom rappelle aussi le pôle culturel qu’était la Touraine à la Renaissance.


Pour en savoir plus :
Conférences filmées en 2021 dans le cadre des Jeudis de l'Histoire et du Patrimoine organisés par la ville de Tours
Les Origines de l'enseignement universitaire à Tours ; par Jean-Luc Porhel, conservateur en chef du patrimoine de la ville de Tours ; La Création de l'université de Tours et la construction de la faculté des Tanneurs ; par Anne Azanza-Sanciaud, directrice du service commun de documentation de l'université de Tours.