Le Patrimoine artistique
Les Œuvres d'art des bâtiments universitaires initiées dans le cadre du 1 % culturel
Qu'est-ce que le 1 % culturel ?
L'idée du 1 % culturel (ou 1 % artistique) est née d'une mesure sociale initiée par le Front populaire dès 1936 et visant à promouvoir le rôle de mécène de l'État. Toutefois, la mesure n'est définitivement appliquée qu'en 1951, au moyen d'un décret promulgué à l'initiative d'Yvon Delbos, alors ministre de l'Éducation nationale sous le gouvernement d'Edgar Faure. Cette procédure destinée à rendre l'art accessible au plus grand nombre stipule notamment que "les projets de constructions scolaires et universitaires devraient comporter un ensemble de travaux de décoration". Désormais, tout édifice à vocation culturelle ou d'enseignement réalisé, augmenté ou rénové sous la maîtrise d'ouvrage de l'État, doit être doté d'une ou plusieurs œuvres d'arts commandées à des artistes contemporains travaillant en France, pour un montant correspondant à 1 % du budget hors taxe consacré au chantier.
Appliquée à six reprises à l’université de Tours entre 1966 et 2006, cette procédure a permis d’introduire la création culturelle au cœur des cinq facultés tourangelles, offrant ainsi au public universitaire une collection d’art contemporain, véritable musée à ciel ouvert.
Découvrez les projets :
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Le stabile d'Alexander Calder
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Les toiles d'Olivier Debré
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La Femme-fleur de Gigi Guadagnucci
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La sculpture de Viot et Haguiko
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Le jardin de Stéphane Calais et Maire-Anne Hervoche
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Les projets refusés ou disparus
Pour en savoir plus :
- Le 1% de l’université François-Rabelais de Tours, mémoire de Master d’Auriane Gabillet (2013), sous la direction de Jean-Baptiste Minnaert.
- Patrimoine artistique : les œuvres du 1% culturel de l'université François-Rabelais ; livret publié en 2014.
Le Monument aux morts de l'école de médecine et de pharmacie
Construction du monument
Inauguré en 1921, ce monument est représentatif des nombreux monuments aux morts de la Première Guerre mondiale. En effet, entre 1920 et 1925, près de 36 000 monuments aux morts sont élevés en France. En général, ils sont construits sur les places publiques et commandités par des municipalités soucieuses d’honorer leurs morts et leurs disparus, la grande majorité des corps de soldats n’ayant pu être rapatriés auprès de leurs familles. Ces monuments aux morts font donc office de lieu de mémoire et de recueillement pour les familles, de "tombe virtuelle", selon l’expression du lieutenant-colonel Pasteau.
Le monument de l’école de médecine et de pharmacie de Tours, alors école municipale, a été réalisé au moyen d’une souscription publique dans le but de rassembler les membres d’une communauté durement frappée par la guerre autour de ses enfants et proches disparus. Parmi les étudiants et enseignants de l’école de médecine et de pharmacie de Tours, mobilisés depuis 1914 et envoyés sur le Front pour apporter aide et secours aux blessés, vingt-huit ont perdu la vie pendant le conflit. Ils étaient étudiants ou enseignants. Leur âge variait entre 17 à 49 ans. Au sein du service de santé des armées, ils portaient le grade de médecin auxiliaire pour les étudiants et de médecin aide-major pour les enseignants, pharmacien-major pour Joseph Riché et même chirurgien pour deux d’entre eux, Jacques Chandesris et Henry Barnsby. C'est pourquoi le conseil de l'école du 9 décembre 1919 décida la construction d'un monument aux morts pour leur rendre hommage, en même temps que la rédaction d’un livre d’or, aujourd’hui conservé à la bibliothèque universitaire de médecine Émile-Aron, qui relate les circonstances de la mort de chacun d’entre eux.
Le sculpteur François Sicard
La réalisation du monument est confiée à François Sicard. Né à Tours en 1862, il a étudié à l’école des beaux-arts de Tours puis à Paris grâce à l’obtention d’une bourse de la municipalité. En 1920, c’est un ami du directeur de l’école de l’époque, Monsieur Thierry, dont il a également réalisé un portrait. Il a acquis une grande renommée depuis l'obtention du prix de Rome en 1891. Sculpteur, mais aussi dessinateur, graveur, peintre et lithographe, il a déjà réalisé des sculptures publiques dans la ville de Tours, telles que La Touraine couronnant ses enfants les docteurs Trousseau, Velpeau, Bretonneau en 1887. La réalisation de ce monument, aujourd’hui disparu, en l’honneur des trois médecins les plus célèbres de Tours, n’est certainement pas sans rapport avec le choix de l’artiste pour réaliser le monument aux morts. Aujourd’hui, seuls les médaillons ont survécu et sont conservés… dans le hall central de la faculté de médecine.
François Sicard a également sculpté les atlantes de l'hôtel de ville de Tours construit par Victor Laloux en 1899, le monument aux morts du lycée de garçons en 1901 et le fronton "L’Étude" du lycée de filles en 1903. En 1920, il travaille également sur le monument aux morts de Saint-Symphorien et le monument aux morts de la ville de Loches. Bien introduit dans le milieu des notables tourangeaux, il a également réalisé un certain nombre de monuments parisiens. Le rez-de-chaussée du pavillon principal de l'école est transformé en salle d'honneur pour accueillir le monument. Celui-ci est inauguré le 19 juin 1921 en présence de Camille Chautemps, maire de Tours. Paul Vitry, conservateur au Musée du Louvre et également ami du sculpteur, est présent lors de l’inauguration et le décrit en ces termes élogieux :
"C’est sur une terrasse flanquée de deux pilastres trapus où apparaissent les inscriptions et les emblèmes nécessaires, un haut-relief pittoresque, sobrement évocateur et traité avec une franchise un peu rude. Au premier plan, un vieux poilu, lamentable épave de la lutte qui se poursuit alentour, gît épuisé, défait, brisé, semblable à ce Christ de douleur de nos vieux imagiers gothiques, tandis qu’au-dessus-de lui, dans une composition pyramidante qui n’est pas sans rappeler celle de nos pitiés du XVe et du XVIe siècle, un jeune médecin imberbe panse d’un geste attentif et réconforte de sa calme énergie le vieux frère douloureux."
Histoire du monument
Pendant de nombreuses années, les cérémonies de l’école se font devant le monument aux morts. Après la Seconde Guerre mondiale, une plaque en partie haute est ajoutée avec les noms des victimes du second conflit mondial. Au moment de la destruction de l’ancien pavillon central de l'école de médecine et de pharmacie, afin de permettre la construction du bâtiment actuel de la faculté de médecine, le monument a été démonté et stocké en pièces détachées.
À l'occasion du centenaire de l'armistice de 1918, la faculté de médecine a décidé de faire remonter le monument aux morts, de restaurer et traiter la pierre afin de l’installer en plein air, sur le parvis de la faculté afin qu'il soit visible par les étudiants et les enseignants, mais aussi par le grand public, depuis le boulevard Tonnellé. Il a été inauguré le 22 novembre 2018, après restauration et aménagement d’un espace spécifique.