Philippe Maupas et l'invention du vaccin contre l'hépatite B
Ces enregistrements, réalisés en 2017 évoquent la personnalité du savant et témoignent de l'aventure humaine que fut la découverte du vaccin contre l'hépatite B. Ils permettent également de découvrir le parcours de scientifiques formés à l'université.
Témoignages de Francis Barin (microbiologiste au laboratoire de virologie de Tours), Pierre Coursaget (docteur en pharmacie et directeur de recherche en virologie à l’INSERM), François Denis (professeur de bactériologie et virologie et président du Conseil national des universités pour les maladies transmissibles et la microbiologie), Jacques Drucker (médecin épidémiologiste et conseiller scientifique à l'ambassade de France à Washington), Alain Goudeau (médecin et directeur du laboratoire de virologie de la faculté de médecine de Tours), Patrick Hibon de Frohen (docteur en pharmacie, administrateur de l’École de l’Institut du médicament de Tours et expert et conseiller pour l’industrie pharmaceutique et cosmétique), Bernadette Maupas (épouse de Philippe Maupas), Françoise Robier-Binet (technicienne au sein du laboratoire de virologie de Tours) et Bernard Yvonnet (docteur et enseignant en pharmacie et doyen de la faculté de sciences pharmaceutiques de Tours).
Philippe Maupas est né en 1939 à Toulon. Il grandit à Paris et, après avoir passé un mois avec un vétérinaire praticien en milieu rural, décide de faire des études de vétérinaire. Il rentre à l’école nationale vétérinaire de Toulouse (1959 – 1963) où il se passionne pour la microbiologie. C’est aussi à Toulouse qu’il rencontre sa future épouse Bernadette Weltig. Il étudie ensuite à l’Institut Pasteur de Paris la microbiologie, l’immunologie générale et la sérologie. Il effectue son service national comme assistant au "grand-cours" de l’Institut Pasteur. En 1965, il soutient sa thèse de docteur vétérinaire sur le thème : La Flore lactique du tube digestif et l’action bactéricide du yaourt.
En 1966, il commence à travailler à Tours, au poste de directeur du département recherche et développement de l’institut bactériologique de Tours (entreprise Duphar). Dès cette époque, il établit un procédé de fabrication d’un vaccin anti-aphteux à partir de la production du virus aphteux sur lignée cellulaire BHK cultivée en suspensions. Il s’intéresse également à des questions de pathologie comparée. En parallèle, il entreprend une thèse de sciences pharmaceutiques à l’université de Tours. En 1968, Philippe Maupas devient assistant en microbiologie à la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Tours. Dès lors, il commence à travailler sur l’hépatite B : en collaboration avec le centre de transfusion sanguine de Tours, il aborde le diagnostic et l’épidémiologie du virus.
Qu’est-ce que l’hépatite B ?
L’hépatite A est la jaunisse des enfants ou des nourrissons. Elle dure quelques semaines puis passe, généralement sans conséquence.
L’hépatite B, dite "hépatite de la seringue", est plus grave. Elle se transmet principalement par les seringues et contamine essentiellement les personnels hospitaliers, en particulier ceux des centres de transfusion et les patients soumis à des transfusions répétées, ou les patients admis dans des centres d’hémodyalise (maladies des reins).
On peut être porteur sain du virus sans que la maladie se déclare. Dans les années 1970 en France, on relevait environ 10 à 20000 cas d’hépatite B par an, et la maladie se révélait mortelle dans 1 % des cas. Mais, dans certaines régions du monde, en Afrique sub-saharienne (Sénégal, Mozambique) et en Chine Populaire ou à Taïwan, l’hépatite B est très répandue et le nombre de cancers primitifs du foie aussi. Dans ces pays, cette forme de cancer atteint généralement des personnes jeunes, entre 35 et 40 ans, et 80 % d’entre eux ont contracté auparavant une hépatite B, qui s’est transformée en cirrhose puis en cancer du foie.
Selon Francis Barin, dans une étude épidémiologique, au Sénégal en 1979, 91% des enfants de 13 ans ont été en contact avec le virus de l’hépatite B.
Il entreprend également des études de médecine et soutient en 1976 sa thèse de doctorat en médecine sur le thème Hépatite B et cancer primitif du foie, avec Alain Goudeau et Jacques Drucker, qui travaillent avec lui au laboratoire de virologie de Tours.
En 1976, il devient également chef de service du laboratoire de virologie au CHR Bretonneau de Tours. Il envoie Francis Barin travailler un an à l’Institut Pasteur à Garches pour étudier la possibilité de produire le vaccin de l’hépatite B de manière industrielle.
L’année 1980 est l’année de la consécration pour lui et son équipe : son vaccin est mis en vente par l’Institut Pasteur sous le nom de Hevac B Pasteur. Il organise en avril 1980 un grand colloque médical à Dakar sur le thème "hépatite hépatome" qui fait découvrir au grand public le rapport entre l’hépatite B et le cancer primitif du foie, et, par là-même, l’importance du vaccin contre l’hépatite B. Ce colloque fait suite à un programme de recherche mis en place à l'université de Dakar par les professeurs Iba Diop Map et François Denis. Un second colloque international sur la vaccination contre l’hépatite B est organisé en décembre 1980 par l’Institut Pasteur de Paris. Mais Philippe Maupas se tue à la suite d’un accident de voiture le 6 février 1981, à 41 ans, au retour d’une mission à l’université de Dakar, au Sénégal. Il reçoit à titre posthume le prix Galien en 1981 pour l’ensemble de ses travaux.
Pour en savoir plus :
Chiron Jean-Paul, Coursaget Pierre, Yvonnet Bernard. "Philippe Maupas : inventeur du vaccin contre l'hépatite B." In : Revue d'histoire de la pharmacie, 86ᵉ année, n° 319, 1998, p. 279-292.
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Vidéo : Documentaire évoquant la personnalité de Philippe Maupas et retraçant l'histoire de l'invention du vaccin contre l'hépatite B
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