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L'Université et l'aventure spatiale



Ces entretiens réalisés en 2019 et 2020 par Anne Azanza et Jean-Philippe Corbellini sont consacrés à l'histoire de la mise au point d'instruments de mesure par les chercheurs de l'université de Tours pour les besoins de plusieurs missions spatiales.

Témoignages de Marielle Defontaine (ingénieur spécialiste des ultrasons) et Léandre Pourcelot (ingénieur et médecin spécialiste des ultrasons).

La tête dans les étoiles depuis plus de quarante ans

C'est Léandre Pourcelot, directeur du service de médecine nucléaire et ultrasons de la faculté de médecine et du CHU de Tours, qui est à l’initiative de programmes de recherches internationaux sur l’étude du cœur et des vaisseaux sanguins des astronautes pendant les vols spatiaux habités. Ces programmes de recherche se poursuivent encore de nos jours.

En 1975, une réunion franco-soviétique se tient au Centre hospitalier universitaire de Rangueil à Toulouse, dans le but de réfléchir aux moyens de mesurer ce qui se passe dans le cerveau au moment des sorties extra-véhiculaires des astronautes dans l’espace. Léandre Pourcelot y participe. René Bost, directeur des sciences de la vie au CNES, est également présent à cette réunion. Il a l’idée de le solliciter pour adapter son appareil d’échographie Doppler pour l’utiliser au cours des vols spatiaux habités. Le projet débute en 1978. Léandre Pourcelot réunit autour de lui une équipe soudée au sein du service de médecine nucléaire et ultrasons. Cette équipe est composée de Dominique Besse, Marceau Berson et Alain Roncin. Frédéric Patat les rejoint en 1980. Il est alors ingénieur et a obtenu une bourse du CNES pour travailler sur ce projet. L’appareil d’échographie Doppler conçu par l’équipe de Léandre Pourcelot est embarqué vers la station Saliout 7 lors du premier vol franco-soviétique du 24 juin au 2 juillet 1982, avec à son bord Jean-Loup Chrétien. Ce dernier est venu à Tours pour s’entraîner au maniement de l’échographe. Le même appareil est embarqué lors du vol franco-américain de la NASA sur la navette Discovery, du 17 au 25 juin 1985, avec Patrick Baudry comme membre de l'équipage. Il est utilisé à nouveau lors du deuxième vol franco-soviétique sur Soyouz, du 26 novembre au 21 décembre 1988, avec à nouveau Jean-Loup Chrétien. Frédéric Patat, qui avait été sélectionné comme astronaute par la NASA, après avoir été entraîné par l’équipe de Tours, voit ses espoirs de voler s’effondrer après l’accident de la navette Challenger en 1986.

À l’aube des années 1990, un nouvel échographe conçu à Tours et baptisé As de Cœur est envoyé pour une dizaine d’années sur la station Mir. Les premiers tests de télé-échographie sont menés avec cet appareil.

En 1995, un système de mesure de la densité osseuse, mis au point par l’équipe de biophysique, et en particulier Marielle Defontaine et Laurent Colin, est testé sur le vol Euromir 95.

En 2017, la première liaison terre-espace est réalisée grâce au télé-échographe piloté à terre par Philippe Arbeille, directeur de l’unité de médecine et de physiologie spatiale de l’Université de Tours. Avec son équipe, il travaille depuis 2004 sur la mise au point du robot échographique TERESA.